Cela va sans dire que les propos qui suivent n'engagent que moi.
Depuis le mois de juin, le Rotary Club Val de Charente et le Fox Roller Club d'Angoulême travaillaient à l'organisation d'une manifestation roller à Angoulême, comportant notamment une randonnée nocturne comme cela se fait dans d'autres villes autrement plus importantes comme Paris, Bordeaux, Lyon, Nancy, etc.
Cette manifestation devait se dérouler le vendredi 22 septembre.
C'était sans compter sur l'attitude rigide et la vision bornée de nos Institutions d'Etat.
La mairie nous avait d'abord dit qu'il était inutile de faire les démarches de déclaration auprès de la préfecture, que la ville fournirait toutes les autorisations nécessaires et suffisantes, simplifiant ainsi le processus.
Nous avons fait la grossière erreur de suivre ce conseil, puisque personne à la mairie n'a voulu prendre le risque de donner ces autorisations, et que nous nous sommes vu obligés de tenter une opération de la dernière chance à la préfecture à quelques jours de la manifestation.
Le chef du service concerné à la préfecture refuse de présenter la déclaration de randonnée à la signature du préfet.
Raison invoquée: les rollers sont des piétons, ils doivent rouler sur les trottoirs et emprunter les passages cloutés.
Notre manifestation va donc à l'encontre du code de la route. Un encadrement par les organisateurs n'est pas suffisant (on avait pourtant prévu motos, voitures, minibus balai, premiers secours, staffeurs). Il n'a rien d'officiel et ne permettrait pas une protection efficace. Il faudrait un encadrement et un accord des forces de l'ordre, avec blocage des rues par des barrières.
Où obtenir un arrêté permettant de fermer les 14 km du circuit à toute circulation .
On avait cru avoir pendant un long moment l'accord de la police nationale, avec mise à disposition d'au moins 2 motards. Mais 2 semaines avant la date prévue de l'évènement, on apprend que c'est le lieutenant qui était d'accord, mais pas son commandant. Adressez-vous à Dieu plutôt qu'à ses Saints...
Je suis resté un bon quart d'heure à "discuter" (entre guillemets car il n'y a pas eu à proprement parler moyen de discuter) dans le bureau du chef de service.
J'ai eu beau tenté d'expliquer le principe même du staff d'une rando roller, à savoir sécuriser les intersections lors du passage de la rando pour ne pas bloquer inutilement d'autres axes, j'ai eu beau préciser que c'est ce qui se fait partout et que ça se passe bien, le gars en face de moi est resté sourd à mes propos et fermement campé sur sa position, en substance: "je m'en moque de ce qu'il se passe ailleurs, si ces villes l'autorise ça les regarde, moi je ne cautionnerais pas d'infraction au code de la route."
Outre l'argument du caractère, je cite, "hors la loi", j'ai aussi eu droit au couplet dissuasif par la peur de la responsabilité.
Des choses du genre: "puisque vous ne fermez pas la route, si un mec bourré et/ou agressif en bagnole vous rentre dedans? Qui sera responsable, sachant que vous n'avez rien à faire sur la route?... Et si un roller tombe en se prenant les pieds dans une plaque d'égout qui dépasse, il pourrait attaquer la mairie ou la préfecture pour avoir autoriser la manifestation mais ne pas avoir sécurisé la chaussée..."
Je vous laisse juge...
Je peux vous dire que j'ai pris sur moi pour ne pas être irrespectueux et griller définitivement le roller auprès de ce brave monsieur .
J'ai voulu mettre en avant qu'un article du code de la route autorisait les piétons à emprunter la chaussée dans des cas particuliers (danger vis-à-vis des autres piétons, trottoirs impraticables). Malheureusement je n'avais pas le n° de l'article en tête (R412-35) et il n'avait curieusement pas l'air au courant, un comble au vu de sa fonction.
En écrivant ce billet je viens de penser que j'ai oublié de lui dire qu'à Angoulême, de nombreux trottoirs sont peu ou pas praticable pour les rollers: trop étroit, trop mauvais. De plus, quand les trottoirs seraient corrects pour des rollers, les voitures les trouvent aussi à leur goût et ont la fâcheuse tendance à s'y garer. Et je n'ai jamais vu un PV sur le pare-brise d'une voiture garée sur un trottoir. Pourtant le code de la route (art. R417-10) est clair à ce sujet. Par contre, si on oublie l'horodateur, alors là...
Notre seul espoir aurait été que la ville prennent l'entière responsabilité de nous laisser faire la rando sur la chaussée, ce qui n'a pas été le cas.
Juste après le circuit des remparts (stationnement interdit pendant 4 jours place de l'hôtel de ville, de vieilles voitures bien polluantes qui roulent pendant 2 jours en plein centre), Angoulême confirme qu'elle est une ville dédiée à la bagnole.
Le nouveau plan de circulation mis en place l'année dernière est clairement orienté pour la circulation automobile, facilitant même le transit par le centre ville, supprimant quasiment toutes les doubles voies à sens uniques, à l'opposé de tout ce qui à tendance à se faire en urbanisme.
On a même eu droit à de la pub municipale ventant la facilité à venir dans le centre ville en voiture, grâce au parcs de stationnement qui y sont présents (j'ai malheureusement jeté les tracts, promis dès qu'on en a à nouveau je les mets ici).
Evidemment, avec des moyens de transports moins encombrants et plus écologiques tels que le velo ou le roller, je ne paie pas de stationnement, je suis forcément moins intéressant financièrement...
Bon, je sais, je fais un peu d'amalgame là, mais j'suis énervé.
Il semble qu'il y ait quand même à la mairie quelques personnes ouvertes et motivées.
Le bilan de tout ça c'est qu'on reporte notre manifestation de plusieurs mois, le temps de digérer et de constituer un dossier tirant les enseignements de cette expérience.
En attendant, je vais me plonger profondément dans le site légi-roll.
Je sais que c'est une réaction idiote, mais ça me donne envie d'aller faire le con en ville tout ça...
Voili voilou.